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Le pavillon du manga et de la BD
22 septembre 2007

Blacksad

Blacksad

Quelque part entre les ombres

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« Parfois, quand j’entre dans mon bureau, j’ai l’impression de marcher dans les ruines d’une ancienne civilisation. Non pas à cause du désordre qui y règne, mais parce certainement cela ressemble aux vestiges de l’être civilisé que je fus jadis »


Blacksad, John de son prénom, est un détective privé – « fouille-merde » selon certains- qui n’est pas né sous une bonne étoile. La preuve en est qu’il est un chat noir. Dans un quotidien sordide, les enquêtes se suivent, tantôt sans intérêts tantôt morbides.
Lorsque Smirnov le flic l’appelle ce matin là, il ne se doute pas qu’il va retrouver celle qui fut la partie la plus heureuse de sa vie, Natalia Wilford, avec une balle dans la tête.
En bon flic, Smirnov lui conseille de garder le museau hors de cette affaire. En bon fouille-merde, Blacksad ne suit pas ce conseil avisé : un salaud a tué une femme et, par la même occasion, ses meilleurs souvenirs.
Il va payer.

Arctic-Nation

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« De toute évidence, ma tête ne plaisait guère aux gens du quartier... J’avais cependant l’intention de continuer à la montrer. Du moins jusqu’à ce que je retrouve l’enfant... »

Le pôle nord glaciale et inhospitalier accueille froidement Blacksad. Pourtant, John est là, au milieu d’une propagande raciale qui fait de lui un indésirable. Il n’est pas le bienvenu, que ce soit pour le groupe extrémiste politique des « Artics » ou leurs opposants urbains les « Blacks Claws ». Mais ce n’est pas de gaieté de cœur, une gamine a été enlevée.
Ce qui cloche ? La personne qui lui demande de la retrouver : ce n’est pas la mère.
Encore un guêpier pour le détective, mais rien ne le fera reculer, la vie d’une fillette est en jeu.

Âme rouge

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« Je restais plus d’une heure à observer en silence avant d’ouvrir la bouche et de rompre cet instant magique de création. Cet être à la santé fragile se transformait en tornade quand il sentait dans sa main le contact d’un pinceau et l’odeur de la peinture lui collant au museau. »

Alors qu’il escorte sans grande envie un riche et excentrique personnage, Blacksad retrouve un vieil ami, Otto.
Acceptant une invitation de sa part, il découvre peu à peu que quelqu’un en veut à la vie de son ami. Peut être que les manifestations publiques contre le nucléaire, énergie atomique dont s’occupe Otto, en sont la cause, mais rien n’est moins sûr.

Avis

Trois tomes de cette bande dessinée sont sortis, trois tomes qu'on peut lire indépendamment les uns les autres, trois tomes seulement, et pourtant Blacksad peut être considéré comme une série culte.
Il faut certes avouer que le scénario du premier tome par n’avait rien de révolutionnaire en soi, l’histoire mettait en place un polar classique, mais efficace. Celui du deuxième, plus fouillé, faisait surtout ressortir la stupidité du racisme et son apothéose dans une symbolique des animaux blancs et noirs. Le troisième s’amuse à nous place dans un contexte de Guerre Froide entre les communistes et les capitalistes, ainsi que la menace nucléaire. Une intrigue hautement plus complexe et politique que les précédentes, un bijou.

Cependant, ce qui frappe en lisant Blacksad, c’est la finesse des dessins. Juanjo Guarnido, ancien dessinateur de chez Disney, en avait marre de faire des histoires enfantines, et décida de se plonger dans une atmosphère plus adulte, celle des polars. On retrouve donc à l’intérieur un contraste saisissant et pas forcément déplaisant entre l’ambiance sordide et les dessins d’animaux cartoonesques. Animaux ? Comme vous l’avez compris, l’une des particularités de Blacksad est de mettre en place un monde d’animaux anthropomorphes. Et finalement, ce contraste se marrie extrêmement bien, nous donnant sans cesse envie de connaître la suite, mais aussi de nouveaux personnages dont le design est magnifique. Il est donc très difficile de se sortir de cette bande dessinée une fois commencée, et comme le scénario tient ses promesses, sans jamais tomber dans une ébauche de violence ou un final explosif.

Critique de notre société au travers d’un New York des années 50 comme on en voit souvent dans les films, l’ambiance n’est pas en reste.
Parlant de la relation bien usée pouvoir-argent, d’ultra-nationalisme, de racisme, de nazisme... Blacksad utilise aussi à merveille les animaux pour nous refaire notre Histoire contemporaine. Une sorte de fable de La Fontaine ayant perdu sa féerie et gagné en réalisme, tout en conservant son côté moralisateur et son efficacité.
Le tout sublimé par une narration de Blacksad merveilleuse et envoutante.

Diablement prenant.

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